Publié par Claire Durand

La fleur que les monastères plantaient toujours à l’entrée des jardins pour éloigner les ravageurs

1 mai 2025

absinthe
absinthe

Vous avez beau essayer les filets, les purins, les pièges à bière… rien n’y fait : les pucerons, les chenilles et les altises reviennent toujours grignoter vos cultures. Et si la solution se trouvait dans une pratique ancienne, oubliée mais diablement efficace ? Ce que les anciens connaissaient par expérience, la science le confirme aujourd’hui : certaines plantes protègent naturellement le jardin, simplement par leur présence.

C’est le cas de l’absinthe (Artemisia absinthium), une fleur médicinale et aromatique que les moines plantaient systématiquement à l’entrée de leurs jardins. Non seulement pour ses vertus thérapeutiques, mais aussi pour ses propriétés répulsives. Dans un coin bien exposé, cette plante rustique forme une barrière invisible contre de nombreux ravageurs. Et elle le fait sans rien coûter, sans pulvérisation, sans entretien. C’est un vrai bouclier végétal.

Pourquoi les moines utilisaient l’absinthe dans les jardins de couvent

Dans les jardins monastiques, chaque plante avait sa place et sa fonction. L’absinthe, souvent plantée à l’entrée des jardins ou en lisière des carrés de simples, jouait plusieurs rôles. Elle marquait les limites, structurait les espaces… mais surtout, elle éloignait les nuisibles.

Son feuillage gris-argenté et ses petites fleurs discrètes cachent une vraie force végétale : une forte concentration en composés aromatiques, notamment des monoterpènes et des lactones sesquiterpéniques, comme la thuyone. Ces substances volatiles forment un parfum âcre, puissant, qui perturbe le système olfactif des insectes et les dissuade de s’approcher. Les pucerons, altises et chenilles sont les premiers à fuir.

Quels insectes l’absinthe repousse-t-elle efficacement ?

On lui prête parfois trop de vertus, mais certains effets sont bien documentés, notamment en usage de bordure ou de purin. L’absinthe est efficace contre :

  • Les altises (ennemis classiques des choux et navets)
  • Les pucerons, attirés par les plantes tendres comme les fèves, tomates ou salades
  • Les chenilles de piérides et noctuelles

Elle agit moins comme un insecticide que comme un perturbateur comportemental : elle rend l’environnement désagréable pour les insectes. C’est un principe simple et très efficace, surtout quand il est utilisé en prévention.

Comment planter l’absinthe pour en faire une barrière naturelle

Pour en tirer le meilleur parti, plantez l’absinthe en lisière de votre potager, à un mètre environ des premières cultures sensibles. Elle préfère les terres bien drainées, les expositions ensoleillées, et ne demande presque aucun arrosage. Une fois bien enracinée, elle vivra plusieurs années sans soin particulier.

Evitez en revanche de la placer au cœur du potager. Ses racines sécrètent des substances allélopathiques qui peuvent inhiber la croissance des plantes voisines, surtout les jeunes semis. En bordure, elle agit comme un rempart naturel sans perturber les cultures.

Un usage complémentaire : le purin d’absinthe contre les infestations

Si les insectes sont déjà là, le purin d’absinthe peut renforcer la protection. Il se prépare facilement : 100 g de feuilles fraîches hachées dans un litre d’eau, macéré pendant 5 à 7 jours, puis filtré et dilué à 10 % pour pulvérisation. Ce traitement ne tue pas les insectes, mais il les déloge efficacement.

Conseil pratique : N’utilisez jamais le purin d’absinthe sur les plantes en floraison fréquentées par les pollinisateurs. Son odeur forte peut également les repousser. Pulvérisez en fin de journée, uniquement sur les feuillages, jamais sur les fleurs.

Pourquoi cette méthode reste méconnue (et pourtant très efficace)

L’absinthe a longtemps été oubliée dans les potagers modernes, en partie à cause de sa réputation controversée en tant que plante médicinale. Pourtant, elle n’a rien d’une plante invasive ou toxique au jardin, si elle est utilisée avec bon sens. Elle s’inscrit parfaitement dans une approche agroécologique : aucune chimie, aucun coût, juste un peu d’observation et de patience.

Planter de l’absinthe, c’est remettre un peu de stratégie dans le jardin. C’est miser sur l’odeur, la place, l’environnement. Et c’est surtout faire confiance aux gestes anciens, ceux qui ont traversé les siècles parce qu’ils fonctionnaient. Discrète, rustique, redoutable : l’absinthe mérite sa place à l’entrée de chaque jardin vivant.

Mis à jour le 1 mai 2025

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Claire Durand

Claire Durand est agronome et fondatrice de La Télé Agricole, une plateforme d’information sur les pratiques agricoles et les innovations du secteur. Depuis 2015, elle y partage des contenus variés : émissions, podcasts, et articles pensés pour rapprocher les mondes agricole et technologique.

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