Elle ne se remarque pas au premier coup d’œil. Ni tape-à-l’œil, ni exubérante, elle attend son heure, tapis au frais, à l’ombre des grands feuillus. Et puis soudain, en fin d’été, entre août et septembre, elle s’ouvre : de longues clochettes jaune cire pendent au bout de tiges pourpres, comme des lanternes suspendues dans le silence d’un sous-bois. C’est Kirengeshoma palmata. Une vivace montagnarde japonaise, quasi introuvable en jardinerie. Une rareté, oui. Mais surtout, une plante à part, qui transforme un coin d’ombre en tableau vivant.
Pourquoi est-elle si peu connue ? Et comment réussir sa culture quand on a la chance d’en trouver ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur cette beauté secrète.
Sommaire
À quoi ressemble Kirengeshoma palmata ?
Kirengeshoma palmata est une plante vivace herbacée de la famille des Hydrangeacées, comme les hortensias. Elle pousse en touffes denses, avec un port dressé et des tiges robustes souvent teintées de pourpre. À maturité, elle atteint 90 à 120 cm de haut, autant en largeur.
Son feuillage est l’un de ses premiers atouts. Les grandes feuilles vert foncé, profondément palmées, ressemblent à celles des érables du Japon. Elles mesurent jusqu’à 20 cm de large, avec une texture presque matelassée. C’est un feuillage qui habille l’ombre avec prestance, dense, décoratif dès le printemps.
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Quand et comment fleurit Kirengeshoma palmata ?
Elle fleurit tard, entre août et septembre, quand la plupart des vivaces ont déjà terminé leur cycle. Les fleurs apparaissent au sommet des tiges, en cymes lâches de 3 à 5 clochettes pendantes. Leur forme est typique : des tubes charnus à texture cireuse, d’un jaune pâle crémeux, presque translucide au soleil.
Les boutons floraux, ronds et brillants, rappellent des perles de cire. Ils mettent du temps à s’ouvrir, ce qui prolonge l’intérêt décoratif. Et même fanées, les fleurs laissent place à des fruits étonnants : capsules sphériques hérissées de trois appendices rigides, très graphiques.
Où pousse naturellement Kirengeshoma palmata ?
Originaire des forêts montagneuses du Japon, de Corée et de Chine, elle pousse à l’état sauvage dans les sous-bois humides, entre 500 et 1200 mètres d’altitude. Ces forêts sont fraîches, ombragées, aux sols riches en humus et toujours légèrement humides.
Elle est donc parfaitement adaptée aux jardins ombragés, notamment dans les régions tempérées où l’été reste modéré. Dans le sud-ouest de la France, elle s’épanouit sans problème en zone ombragée avec un sol frais, même en plein été.
Comment réussir la culture de Kirengeshoma palmata ?
Elle demande trois conditions simples mais non négociables : de l’ombre, de l’humidité et un sol riche. Installez-la à mi-ombre ou à l’ombre claire, protégée du soleil direct, surtout aux heures chaudes. Le sol doit rester frais en permanence, mais bien drainé.
Un paillage organique (feuilles mortes, compost, écorce) est très utile pour maintenir l’humidité. Elle déteste la sécheresse estivale, mais supporte bien le froid hivernal jusqu’à -20°C (zone 6). Si vous arrosez correctement en été, elle se développera sans souci.
Quelles plantes associer à Kirengeshoma palmata ?
Elle se marie parfaitement avec d’autres vivaces d’ombre : hostas, fougères, astilbes, ligulaires, hakonechloas. Ces plantes créent un décor luxuriant, aux feuillages variés, et prolongent l’intérêt visuel du massif jusqu’à l’automne.
Grâce à son feuillage palmé et sa floraison verticale, Kirengeshoma palmata joue un rôle de ponctuation. Elle structure l’espace dans un jardin d’ombre, là où la plupart des floraisons s’essoufflent en fin de saison.
Comment la multiplier ou l’entretenir ?
Elle se multiplie par division de touffe au printemps. Il suffit de séparer une partie du rhizome avec quelques tiges. Les semis sont possibles mais lents à produire une plante adulte. En entretien, coupez les fleurs fanées en fin d’automne et rabattez les tiges au sol quand le feuillage jaunit.
Elle n’est sujette à presque aucune maladie, peu attaquée par les limaces ou escargots, et ne nécessite pas de tuteurage. Une plante rustique, qui demande juste de bonnes conditions dès le départ.
Pourquoi est-elle si rare en culture ?
Sa rareté vient surtout de son rythme lent et de sa propagation difficile par semis. Elle est rarement proposée en jardinerie traditionnelle, car elle ne fleurit pas en pot et reste peu spectaculaire à l’achat. Pourtant, une fois installée, elle vit longtemps, se densifie et devient un joyau végétal.
Dans la nature, certaines populations sont en déclin à cause de la déforestation. Elle figure parfois sur des listes de protection en Asie de l’Est. En Europe, sa rareté en fait une perle pour les collectionneurs de vivaces d’ombre.
Existe-t-il des variétés ou espèces proches ?
On trouve parfois Kirengeshoma koreana, très proche, voire considérée comme une forme régionale. Elle aurait des tiges plus vertes, une floraison plus droite et une rusticité légèrement supérieure. Le cultivar ‘Margarita’ offre un feuillage vert lime, plus compact, idéal pour petits jardins d’ombre.
Mais l’originale, Kirengeshoma palmata, reste la référence : celle qui émerveille par contraste, qui offre une autre idée de la floraison, plus discrète, plus précieuse. Comme un secret bien gardé entre passionnés de vivaces.
Mis à jour le 15 juillet 2025