Publié par Claire Durand

Fruits exotiques trop chers ? Cette « banane du Nord » pousse partout en France

23 juin 2025

asiminier
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Vous aimez les fruits exotiques mais leur prix vous refroidit souvent au marché ? Vous n’êtes pas seule. Mangues, bananes, papayes… toutes ces douceurs venues de loin affichent des tarifs de plus en plus salés, sans parler de leur empreinte carbone. Et si je vous disais qu’un arbre discret, rustique, et encore méconnu du grand public pouvait vous offrir des fruits à la saveur exotique… directement dans votre jardin, et sans rien importer ? C’est le pari tenu par l’asiminier, souvent surnommé la « banane du Nord ».

Rustique, savoureux, original, ce fruitier peu exigeant mérite toute votre attention si vous rêvez d’exotisme local et économique. Mais attention, pour réussir sa culture et vraiment récolter ses délicieux fruits, il y a une astuce souvent ignorée que je vais vous partager.

Pourquoi l’asiminier peut remplacer vos fruits exotiques préférés

L’asiminier, ou Asimina triloba, est un arbre originaire d’Amérique du Nord, qui a la particularité de produire un fruit crémeux et sucré. Son goût rappelle un étonnant mélange de banane, de mangue, d’ananas et de vanille. Il ne s’agit pas d’un gadget botanique, mais d’un arbre fruitier comestible, généreux, au feuillage décoratif. Et surtout, il pousse très bien en France, même dans des régions froides où l’on penserait tout fruit exotique impossible.

Il résiste à des températures jusqu’à –25 °C, ne craint ni le gel tardif ni les maladies courantes. On peut donc l’installer dans la majorité des jardins français, à condition de respecter quelques besoins simples : un sol frais, profond, bien drainé, et une exposition plutôt ensoleillée à mi-ombre.

Le problème qui empêche souvent l’asiminier de fructifier

Beaucoup de jardiniers plantent un asiminier plein d’enthousiasme… mais au bout de quelques années, toujours pas de fruits. Ce n’est pas un défaut de l’arbre, mais un manque de pollinisation. En effet, ses fleurs ne sont pas visitées par les abeilles. Elles attirent plutôt les mouches et coléoptères. En milieu urbain ou trop propre, ces insectes peuvent se faire rares.

Résultat : sans pollinisation croisée entre deux sujets (car la majorité des asiminiers ne sont pas autofertiles), la récolte n’arrive jamais. C’est ici que mon astuce méconnue entre en jeu.

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Le geste oublié mais décisif pour récolter des fruits

Voici l’astuce que peu de gens connaissent, et qui change tout : pour garantir la pollinisation, il faut la faire à la main. Cela peut sembler contraignant, mais c’est très simple et ça ne prend que quelques minutes par arbre.

Lorsque les fleurs sont ouvertes (généralement en avril-mai), prélevez un peu de pollen d’une fleur avec un pinceau fin, puis appliquez-le à l’intérieur d’une autre fleur ouverte d’un second arbre. Faites cette opération en fin de matinée, quand les fleurs sont bien sèches. Cela suffit souvent à déclencher la formation de fruits.

“Depuis que je pollinise mes asiminiers à la main chaque printemps, je récolte jusqu’à 4 kg de fruits par arbre. Et quel goût !” — Hélène, jardinière en Bourgogne

Quelle variété choisir pour réussir même en climat difficile

Parmi les nombreuses variétés disponibles, certaines sont mieux adaptées à un jardin amateur. Si vous n’avez la place que pour un seul arbre, orientez-vous vers la variété ‘Sunflower’, réputée pour être autofertile (mais elle produit davantage si vous ajoutez une autre variété à proximité). Pour une production plus généreuse, l’idéal est d’associer deux variétés différentes comme ‘Rebecca’s Gold’ et ‘Allegheny’.

VariétéAtout principalRusticité
SunflowerAutofertile, goût doux–25 °C
Rebecca’s GoldFruit sucré, couleur dorée–25 °C
AlleghenyGoût complexe, très fruité–24 °C

Un fruit délicieux mais fragile : comment le consommer au bon moment

Une fois l’asiminier bien installé et pollinisé, la récolte a lieu entre fin août et octobre selon les régions. Les fruits mûrissent rapidement sur l’arbre, deviennent souples au toucher, et leur peau prend une teinte brunâtre. Ils se consomment à la cuillère, comme une crème sucrée, ou se transforment très bien en glace, sorbet, smoothie ou confiture.

Le fruit étant fragile, il se conserve seulement 2 à 3 jours à température ambiante, ou une semaine au frais. Il est donc idéal à consommer frais, depuis le jardin à l’assiette. Et contrairement à la banane, il n’a pas besoin d’être importé ni stocké en chambre froide pendant des semaines.

Une plantation simple pour des années de récolte

Plantez votre asiminier à l’automne ou au printemps. Creusez un trou profond, ajoutez du compost mûr, arrosez abondamment et paillez. Si vous le plantez en duo (ce qui est préférable), espacez-les de 4 à 5 mètres. Les jeunes arbres apprécient un peu d’ombre les deux premières années. Ensuite, laissez-les s’installer tranquillement : ils deviendront de beaux arbres de 4 à 6 mètres de haut.

Et surtout, n’oubliez pas le secret de la pollinisation manuelle. C’est ce petit geste au printemps qui fera toute la différence entre un arbre décoratif… et un arbre généreux en fruits exotiques.

Mis à jour le 23 juin 2025

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Claire Durand

Claire Durand est agronome et fondatrice de La Télé Agricole, une plateforme d’information sur les pratiques agricoles et les innovations du secteur. Depuis 2015, elle y partage des contenus variés : émissions, podcasts, et articles pensés pour rapprocher les mondes agricole et technologique.

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